lundi 16 novembre 2009

COURS 1 : LE SCHEMA DE LA COMMUNICATION MEDIATISE : MESSAGE ICONIQUE/MESSAGE LINGUISTIQUE.

I। RAPPEL : LE SCHEMA DE LA COMMUNICATION/LES FONCTIONS DU LANGAGE.






I. Rappel : le schéma de la communication et les six fonctions du langage.

















1. L'ECHANGE LINGUISTIQUE.
D'après Roman Jakobson, « le langage doit être étudié dans toutes ses fonctions ». C'est-à-dire que le linguiste doit s'attacher à comprendre à quoi sert le langage, et s'il sert à plusieurs choses. « Pour donner une idée de ses fonctions, un aperçu sommaire portant sur les facteurs constitutifs de tout procès linguistique, de tout acte de communication verbale, est nécessaire ». Les voici :
1. Le message lui-même.
2. l'émetteur ou le destinateur est celui qui envoie un message au récepteur ou au destinataire.
3. Le destinataire est censé recevoir le message.
4. Pour être opérant, le message requiert d'abord un contexte auquel il renvoie : c'est ce qu'on appelle aussi le "référent" ; contexte saisissable par le destinataire et qui est soit verbal, soit susceptible d'être verbalisé.
5. Le message requiert aussi un code, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire ou, en d'autre termes, à l'encodeur et au décodeur du message.
6। Le message requiert également un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire ; contact qui leur permet d'établir et de maintenir la communication।

2. LES FONCTIONS DU LANGAGE.
Les six fonctions de la communication telles que les identifie R. Jakobson sont chacune liées à un de ces éléments.
Les fonctions du langage sont les suivantes :
1. La fonction expressive ou expression des sentiments du locuteur ; fonction introduite en texte par : "je", "me", mon", etc. Il s'agit de la fonction relative à l'émetteur. Elle est utilisée par le destinateur pour informer le récepteur sur sa propre personnalité ou ses propres pensées : pour Jakobson, « elle vise à une expression directe de l'attitude du sujet à l'égard de ce dont il parle. Elle tend à donner l'impression d'une certaine émotion, vraie ou feinte."
2. La fonction conative ou fonction relative au récepteur ; fonction introduite en texte par : "tu", "te", "toi", etc. C'est la fonction relative au destinataire. Elle est utilisée par l'émetteur pour que le récepteur agisse sur lui-même et s'influence. C'est évidemment une fonction privilégiée par la publicité. Cette fonction trouve son expression grammaticale la plus pure dans le vocatif et l'impératif. Cet aspect est lié à une autre approche, la théorie des actes de langage. Des formes grammaticales comme le vocatif ou l'impératif permettent l'instanciation de cette fonction, de la même manière que les verbes dits performatifs comme "demander", "affirmer", "proposer", etc.
3. La fonction phatique qui maintient ou ferme la communication. La fonction phatique est utilisée pour établir, maintenir ou interrompre le contact physique et psychologique avec le récepteur. Elle permet aussi de vérifier le passage physique du message. Il s'agit de rendre la communication effective avant la transmission d'information utile. L'exemple typique est le « Allô » d'une communication téléphonique.
4. La fonction référentielle qui permet au message de renvoyer au monde extérieur. Cette fonction du message est centrée sur le monde (un objet ou évènement extérieur) : le contexte ou le référent. Le référent d'une communication peut être par exemple la table qui se trouve dans l’environnement des interlocuteurs (dans le même « contexte »), ou alors une culture, un pays. C'est une fonction extrêmement utilisée puisque la plupart des discussions et des textes dans le monde contiennent une information.
5. La fonction métalinguistique centrée sur le code. C'est la fonction relative au code, le dictionnaire, le mode d'emploi. Avant d'échanger des informations, il peut être important que l'échange porte d'abord sur le codage utilisé pour le message। Ainsi les partenaires vérifient qu'ils utilisent un même code। Cette fonction consiste donc à utiliser un langage pour expliquer ce même langage ou un autre langage। On l'appelle parfois « fonction de traduction ».
6La fonction poétique : centrée sur le message lui-même. Il s'agit donc de mettre en évidence tout ce qui constitue la matérialité propre des signes, et du code. Cette fonction permet de faire du message un objet esthétique, même de façon minimale. Les efforts liés à l'ordre des mots concernent la fonction poétique. Le niveau de langue, le ton, la hauteur de la voix construisent aussi la fonction poétique d'un message oral. Voir : euphonie, assonances, allitérations, etc.




II. NOUVEL APPORT AU SCHEMA DE A COMMUNICATION ET AUX FONCTIONS DU LANGAGE : PETIT LEXIQUE DE LA COMMUNICATION MEDIATISEE, CELLE DE L’IMAGE.
ANCRAGE/RELAIS
L'ANCRAGE est une fonction qu'assume le verbe par rapport à l'image ; cette fonction oriente la compréhension du message et RÉDUIT LA POLYSÉMIE de l'image. C'est Roland Barthes qui le premier a utilisé ce terme lors de l'analyse de l'annonce publicitaire Panzani. Les bulles des bandes dessinées sont là pour ancrer le sens des vignettes dans lesquelles des personnages évoluent mais aussi échangent sur le plan verbal.
CODER/DÉCODER
Action de FAIRE NAÎTRE /COMPRENDRE un message à l'aide de RÈGLES connues et partagées en partie ou en tout par un groupe de personnes plus ou moins large ; c'est pourquoi coder ou décoder nécessite un apprentissage et est un processus qui s'apprend. Le code est social et culturel (par opposition à individuel). Le message linguistique fonctionne sur un code explicite, celui de la langue, le message iconique fonctionne sur un autre code, moins explicite, souvent regroupé sous le vocable de langage (multicodage de l'image).
CANAL/SUPPORT
Le canal est le moyen de diffusion du message ; ce dernier est matérialisé sur un support qui nécessite bien souvent un canal, tels le rétroprojecteur pour le transparent, le projecteur pour la diapositive, le magnétoscope pour la cassette vidéo ... Le support est ce sur quoi repose techniquement le message : le support papier pour le livre; le support acétate pour la diapositive ou le transparent, le support électronique pour le cédérom ...
COMMUNICATION
C'est un acte intentionnel où un émetteur cherche à rejoindre, échanger avec un récepteur. Trois éléments de base caractérisent la chaîne minima de communication : l'émetteur, le récepteur et le message qui voyage entre les deux. L'intention de l'émetteur peut varier et affecter le type de discours ou de fonction de la communication : message expressif (poétique), informatif (référentiel), régulatoire, persuasif ou ludique.
DÉNOTATION/CONNOTATION
DOUBLE PLAN ou niveau de lecture du message iconique. L'équivalent se rencontre pour la langue lorsque dans le dictionnaire, on donne le sens littéral d'un mot (le dénoté) puis son sens figuré (le connoté). On parle également de message objectif et message esthétique/subjectif (niveau d'évocation).
MÉTAPHORE
Figure de rhétorique où une comparaison est établie, implicitement, sans outils de comparaison. Sur le Web, la métaphore iconique pour symboliser un site ou marquer les interfaces est populaire. Il s'agit d'une opération de substitution d'un élément par un autre en raison d'une analogie formelle ou sémantique entre deux éléments : « les yeux, le miroir de l'âme» (métaphore verbale dans la pièce Les Précieuses ridicules).
Métonymie
Figure de rhétorique où une substitution ou rapprochement d'un élément par/avec un autre se fait afin de provoquer des associations d'idées (un manoir pour suggérer l'aisance, le bon goût /l'effet pour suggérer la cause). La métonymie est souvent associée à la figure appelée synecdoque (la partie pour le tout : la voile pour le bateau et par extension, l'idée du voyage), ou encore le contenant pour le contenu (boire un verre). Dans les menus opérationnels de plusieurs logiciels de traitement de textes et d'images, on retrouve ces images à valeur métonymique (la loupe pour agrandir, le ciseau pour couper...).
POLYSÉMIE/MONOSÉMIE
La polysémie caractérise un signe (mot ou image) qui a plusieurs (poly ou pluri) sens. Au contraire, si le signe n'a qu'un seul sens (mono), il est alors monosémique, univoque.
La RHÉTORIQUE
Science qui étudie les figures de style ou procédés de connotation. Dans le cas de la publicité, la rhétorique étudie les procédés utilisés par l'image et/ou le verbe pour éveiller le désir de l'objet (rêve, transgression de la logique, des tabous...).
SÉMIOLOGIE (du grec sêmeiô, signe, logos, science)
Science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale (définition de Ferdinand de Saussure, linguiste français du début du XXe siècle).
SÉQUENCE ou SYNTAGME
Une séquence est une opération de SUCCESSION ou de combinaison de deux ou plusieurs signes, mots, plans (visuels ou sonores) ou vignettes formant une unité autonome appelé séquence. On peut également parler de SYNTAGME pour la phrase (axe horizontal) qui, se construit en fonction de choix que le locuteur ou le scripteur fait au moment de communiquer son message : voici deux exemples où le verbe change (action) et l'adverbe. JE me suis/couché/ tard ou tôt, je me suis/ levé/tard ou tôt, Lorsqu'il s'agit d'un récit, on parle des trois temps forts de la séquence narrative: l'éventualité (problème à résoudre), le passage à l'acte (confrontation), le résultat (dénouement). Il y a, en général, plusieurs séquences dans un récit ; elles sont plus ou moins complexes et sont liées entre elles par des codes de ponctuation qui au cinéma ou à la télévision s'expriment par le fondu, la coupure franche, la surimpression; en BD, ces codes s’expriment par un cadre fermé, brisé, éclaté, incrusté dans un autre ou carrément absent.
PARADIGME (par opposition à syntagme)

Le paradigme est une opération de SÉLECTION établie entre des signes d'une même réserve. L'exemple suivant illustre ce choix où l'auteur répète une même construction de phrase en permutant le participe passé: «Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Longtemps, je me suis douché de bonne heure. Longtemps, je me suis mouché de bonne heure. Longtemps, je me suis touché de bonne heure.»
OUVRAGES CONSULTÉS:
1. Paul Almasy, La petite fabrique de l’image, Paris, Editions Magnard, 1995.
2. Le dictionnaire des médias sous la direction de Francis Balle, Paris, Larousse/Bordas, 1998.
3. Bronckart J.P. et Al., Le fonctionnement des discours, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1985.
4. Bronckart J.P. et Al., Activité lanagière, texte, discours. Pour un interactionnisme discursif, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1996.

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